Sur notre route de sortie, trois femmes bien mises se reposent sous l'oeil perplexe du troupeau de vaches. On les entend rire et elles nous regardent avec étonnement lorsque nous leur offrons de monter a l'arrière du véhicule avec leur fardeau. Les femmes comme les enfants transportent de lourdes charges de bois et d'épis de maïs avec l'aide d'une sangle qui encercle le front. Je saisis la charge de la femme plus agée qui fait je crois dans les 45 ans. Ouf, je plie les genoux: le poids me semble équivalent à la poche de ciment guatémaltèque que nous balançons chaque jour dans le mixeur, soit une cinquantaine de kilos.
Elles viennent de parcourir 3 kilomètres et il ne leur en reste
que deux à faire sur notre route de gravier, cicatrisée et dont les
butes en forme de dos de chameau rendent le parcours si difficile A
destination, je leur tends la main pour redescendre
mais elle préfèrent mon avant bras qu'elles touchent timidement en
rigolant. Adios
CRISTINA
Une maitresse femme typique de la nation Q'eqchi', présidente du
groupe des femmes qui ont fait la démarche pour le moulin a maïs. Elle
traverse lentement notre chantier a deux ou trois reprise par jour,
tenant par la main sa toute petite. Elle porte
la jupe traditionnelle (el corté) que portent toutes les femmes de chaque groupe maya
dont le nombre s'élève à 22 communautés parlant autant de dialectes
différents.
Elle respire la force et la hardisesse mais son pas est lent et
son discours ne devient ardent qu'au moment des discussions qui
concernent la nation. Elle est sans compromis et peut haranguer la
population avec flamme pendant longtemps faisant fi de
ses opposantes.
Lors de la démarche d'élection du prochain maire qui entrera en
poste en janvier, les femmes s'étaient regroupées sous le toit de la
galerie de l'école intervenant à chaque fois que la discussion n'était
pas à leur avantage. Cependant, l'Ancien (el anciano) avait
pris soin de signaler qu'au village voisin la population avait élu
une femme maire mais que cette option n'était pas recevable dans cette
communauté-ci et le nouveau maire est UNE HOMME.
ROSALIA
A mon entrée dans le vestibule de l'hôtel, je ne voyais que le
dessus de ses magnifiques cheveux noirs. Rosalie lève la tête; elle
est mince, de petite taille et elle a 21 ans, des traits si fins, des
yeux pleins de charme et un esprit vif.
Non elle ne croit pas au discours des politiciens. Ces gens-là
ne savent rien de la vraie vie sur le terrain; malgré des progrès , la
société demeure machiste et elle-même, gagne 25% de moins qu'un
confrère faisant le même travail qu'elle; d'ailleurs
dans une situation de choix, le patron, lui aussi machiste,
retiendrait la candidature d'un homme bien avant elle.
Elle ne parvient pas à me dire si elle choisirait la famille ou
la profession comme chemin de vie; puis elle balait l'air de sa main en
camouflant un rire cristallin et ricane légèrement. Bien
sûr, elle se mariera l'an prochain avec un
garçon qu'elle a connu au collège.
Rosalie aimerait bien trouver un emploi plus payant (125...$
semaine) mais ne voit pas a quel moment les choses pourraient s'améliorer. Sa vie est tracée.
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