jeudi 31 octobre 2013

Article/13 Un témoignage






Chacalté – Projet autonome de CASIRA – 7 octobre 2013



Rencontre de deux hommes "engagés"




Au cours de notre séjour à la ferme agricole de Chacalté, Suzanne et moi avons rencontré deux hommes impliqués dans un projet autonome de CASIRA, deux hommes dynamiques avec un objectif bien précis : inciter les femmes à se prendre en mains pour l’amélioration de leur condition avec le projet du moulin à maïs. Ce moulin est un outil qui permettra cette réalisation : il sera géré, administré et opéré par les femmes. Ainsi, en améliorant la condition des femmes, c’est la condition de vie de toute la communauté qui est visée, i.e. l’amélioration de vie communautaire passe par les femmes.

Tout a commencé en 2012 : c’était leur première rencontre au sein d’un projet CASIRA au Guatemala. Une chimie a soudé la complicité des deux hommes, Gaëtan et Onil. Ce sont les deux instigateurs du projet du moulin à maïs. Gaëtan a mentionné à Onil que s’il trouvait le soutien financier, il développerait le projet. Et le projet du moulin à maïs est devenu réalité. Deux hommes généreux, dévoués, pleins d’idées : hommes de terrains, ils ont su cerner les besoins de cette communauté de Chacalté pour appuyer l’initiative des femmes. Ainsi, les contacts de l’an dernier et la demande des femmes pour améliorer leur sort ont été à l’origine du projet d’un moulin à maïs. Ce moulin s’avérait un choix judicieux car ses avantages sont multiples : diminution du coût (5 Q pour un panier), diminution de la distance à parcourir, facilité d’accès, diminution du temps d’attente pour moudre.


Ils ont ensuite rencontré le maire du village, ils ont discuté avec la direction d’écoles et les professeurs afin de cerner les besoins spécifiques. Avec le moulin à maïs, on voulait créer un espace communautaire autour du service de santé, de l’école, du lavoir publique. L’alimentation en eau et électricité demeure toujours problématique mais des solutions sont envisagées. Un comité initial de 14 femmes s’est formé pour prendre en charge le moulin et prévoir son maintien en créant une caisse d’économie.

Lors de la présentation du projet par Gaëtan et Onil, nous avons constaté une volonté, une énergie et un engagement des femmes envers le projet. Ces femmes veulent prendre leur destinée et celle de leur communauté en mains, même si cela va parfois à l’encontre de la tradition : le pouvoir donné aux femmes, la décision des femmes et la place qu’elles veulent prendre dans leur communauté. Gaëtan, homme terrain a mis de l’avant le projet avec Onil, homme de la situation pour trouver les ressources financières grâce à ses nombreux contacts. Les deux font la paire : une équipe marquée par la complicité et la complémentarité, deux éléments essentiels pour la réussite du projet.

En remettant la responsabilité du moulin à maïs entre les mains de la communauté, cela impliquait de donner le leadership aux femmes et garantirait la poursuite et le succès du projet tout en incluant la formation de la relève. L’objectif serait atteint : redonner le pouvoir à la communauté!


Suzanne et Lise à l’école de Chacalté

À l’invitation de Gaëtan et d’Onil, nous avons visité l’école du village. Pendant qu’ils discutent avec les responsables, Suzanne et moi circulons dans la classe de première. D’abord timides et réservés, les enfants sont rapidement à l’aise quand Suzanne demande à les photographier. Ils s’appellent Beverly Mishelle, Chun Sontay, Juan Carlos Tiul Pop, Daarin Alejandra PopXol, Heti Tiul Tahuico, Danilo, Kevin Gudiel, Delmi Graciela Raymando, Ics, Sandra Sontay, Sandra, Venacio Migiu, Dilia, Araseli Yanira, Gladi, Izica, Tico Azul. De beaux enfants au teint bronzé, souriants, aux grands yeux expressifs! Mon rudiment d’espagnol me permet d’entrer en contact : je leur demande leur nom, leur âge; quand je ne comprends pas, ils l’écrivent avec fierté dans le cahier de Suzanne. Deux petites filles se tiennent la main, deux autres par le cou, des garçons courent et veulent attirer notre attention : Suzanne capte les images d’enfants en action ou en petits groupes, ils veulent tous être pris en photo! Ils sont curieux de nous voir, nous les ‘’les étrangers’’, ils nous touchent, ils nous observent… La communauté Q’eqchi’ s’est réunie à l’école pour entendre les discours : des parents, debout ou assis à l’extérieur attendent, ils ont le temps! Une mère allaite son petit, une autre tient son enfant dans les bras, un père a son fils sur les genoux… C’est presque tout le village qui est là.

L’atmosphère qui règne dans la classe est fébrile : des élèves sont assis à leur pupitre, d’autres debout autour du professeur, certains courent, et tout cela dans un tintamarre de voix et de bruits. Le professeur vient de distribuer un exercice à compléter sur les sciences de la nature. Assise au fond de la pièce, j’observe : un attroupement au bureau du professeur tandis que des enfants viennent me montrer leur copie; je leur fais lire leur nom, la date, leur groupe et la réponse à la question : les enfants se consultent, vérifient leur réponse, nous lisons ensemble les réponses. Suzanne est partout pour capter ces images.

À la récré, les enfants jouent aux billes, courent, jouent à la pelota (lire futbol); un terrain de basket est aussi délimité. En ce 7 octobre, c’est la dernière semaine d’école avant la reprise de janvier prochain : l’invierno, la saison sèche, s’installe peu à peu.

La classe de première année compte 33 élèves de 6 à 10 ans. Le professeur y enseigne en matinée, et l’après-midi, elle enseignera à la classe du secondaire. J’apprends qu’il y a près de 270 élèves qui fréquentent l’école primaire et secondaire et que le salaire du professeur est de 1 000 Q par mois, soit l’équivalent de 142$ CA.

Les discussions avec les responsables sont terminées. Aujourd’hui, Gaëtan et Onil ont une double annonce à faire à la communauté réunie. D’abord, Onil dévoile le plan de la construction d’une nouvelle école dédiée aux enfants de la maternelle et de la pré-maternelle, les "barboritos"; c’est l’école qui se trouve actuellement dans des baraquements. Ce projet est tout à fait inattendu pour la communauté : il a été rendu possible grâce aux généreux donateurs québécois. Ce sera une école pré-fabriquée au Québec, faite à partir de panneaux résistants au climat et aux tremblements de terre; de plus, l’utilisation d’un matériau spécial permettra la récupération de la fraîcheur pendant la nuit pour la diffuser pendant le jour. L’annonce du second projet, la donation du moulin à maïs, a suscité encore beaucoup de questions dans la communauté. On a expliqué longuement que le moulin appartient à la communauté et que les femmes (comité des 14 créé l’an passé) en auront la gestion et l’entretien. Elles en choisiront l’emplacement, elles en auront la gestion. Nous avons vu Cristina, la représentante du comité, agir en leader et prendre l’initiative de certaines discussions. Les discours se succèdent, tantôt en espagnol, tantôt en Q’eqchi’: celui de Julio l’ancien maire, du maire actuel, de la directrice d’école, de l’ancien du village, chacun mentionnant les avantages du projet et remerciant Gaëtan et Onil ainsi que les donateurs "canadiens".


Qu’avons-nous vu au cours de cette matinée ?

Suzanne et moi voulions vivre une expérience de coopération, de bénévolat et d’entraide en nous impliquant dans la communauté guatémaltèque. CASIRA répondait à ces objectifs et permettait aussi d’améliorer notre espagnol pour mieux communiquer avec les gens. Par ailleurs, nous voulions une réponse à la question : comment est utilisé l’argent des donateurs. Notre visite à l’école nous a permis de voir de façon concrète comment était utilisé cet argent. Le moulin à maïs répond vraiment aux besoins des femmes : nous les avons vues s’impliquer dans les discussions, donner leur idée et décider de l’emplacement du moulin pour leur sécurité et la proximité.

Nous avons vu l’école primaire délabrée, sans toilettes : les dons serviront à la rafraîchir et à la repeindre, le toit sera refait, les grillages remplacés, des toilettes sont prévues. Quant à la nouvelle école, elle sera plus grande, plus sécuritaire et on pourra accueillir un plus grand nombre d’enfants dans ses nombreuses classes : ce sera une école propre, plus accueillante, un environnement scolaire dans le respect de l’enfant et de son développement.

Voilà des exemples concrets de réalisation grâce aux généreux donateurs. Nous avons vu que cela pouvait changer les choses, voilà pourquoi nous reviendrons et que nous donnerons. Nous avons été des témoins. Nous avons constaté qu’en offrant l’éducation, on pouvait améliorer les conditions de vie qui permettent l’épanouissement de toute une communauté. De plus, ces projets pourraient être imités et reproduits dans d’autres communautés indigènes. L’économie prise en charge par les femmes est un "outil fondamental" pour atteindre l’objectif : amélioration de la vie de la communauté.

Article/12 Nuevo Nacimiento de Maguila


Article/12 Nuevo Nacimiento de Maguila

Rencontre d'une communauté de près de 300 personnes, des réfugiés de la guerre civile installés sur un site gouvernemental protégé. Pour les atteindre, il faut obtenir l'autorisation de traverser une grande propriété privée. Après quelques rencontres le représentant du propriétaire nous autorise à circuler sur le terrain.

Le stationnement

L'école de la communauté. Toiture en manaca et plancher de sable. 35 enfants y prennent place. Elle sert aussi de « salle de réunion » pour nous rencontrer. La discussion porte sur l'école, l'accès à l'eau et un moulin pour moudre le maïs. Onil et moi repartons avec ces demandes. La suite est à venir!



La source d'eau pour toutes les familles est située à plus d'un kilomètre aller-retour. Elle sert pour la douche, le lavage du linge et on y charrie l'eau dans des contenants jusqu'au village pour la cuisine.

Habitation typique. Toutes sont situées en pente dans la montagne, les gens ne pouvant s'installer plus bas dans le champ du propriétaire.


Les dirigeants du village. Le groupe est appelé « cocode » et le maire « alcade ».