Chroniques d'Onil/3 Les hommes guatémaltèques
Sept heures, le brouillard se lève. On
voit apparaître le véhicule des « campesinos »
(paysans) qui s'occupent de la ferme dont ils deviendront
éventuellement les propriétaires, sous une forme coopérative, au
moment de la rentabilité.
Notre « albanil » Beto
(homme de métier, en l’occurrence un maçon), qui accompagne le groupe de transport en commun, est
déjà sur notre chantier, prêt à entreprendre la journée.
Les hommes guatémaltèques sont
généralement de petite taille, mais d'une force physique
surprenante. Leur étonnement, c'est de voir des femmes québécoises
se joindre à nous sur le chantier. Même Beto, un homme ouvert,
avance que les femmes guatémaltèques « ne travaillent pas » :
elles restent à la maison. Pourtant, la récolte du maïs, le
transport du bois quotidien … tout ça nous rappelle un autrefois
pas si lointain.
Depuis la longue guerre civile, les
hommes ont beaucoup perdu de leur spontanéité, comme les femmes d'ailleurs. Ils n'ont plus cette
« joyeuseté » qu'on rencontre chez leurs enfants. Au
premier contact, ils sont réservés, timides, peu à donner leurs
opinions, de prendre une décision, à affirmer leur point de vue.
Même leur poignée de main manque de vigueur : faible, molle,
on a le sentiment qu'elle se campe en retrait ou en attente d'une
affirmation qui viendra d'ailleurs. Leur regard se détourne aisément
ou cherche dans l'horizon un échappatoire s'ils ont la perception
d'un œil inquisiteur surtout si c'est celui d'une femme. Pourtant
les jeunes hommes ne sont pas avares de sifflet lorsque les
« mujeres » (femmes) circulent tout autour.
Pourtant ces hommes ont le cœur sur la
main. L'entraide est constante et sans réserve. Une fois la
confiance établie, on devient des leurs. Ils sont chaleureux,
disponibles, accueillants, vous ouvrant leurs pauvres maisons et partageant avec
vous le peu qu'ils ont.